Cauchemar qui tue - Lewis Mallory by Gore

Cauchemar qui tue - Lewis Mallory by Gore

Auteur:Gore [Gore]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Horreur, Fantastique, Gore
ISBN: 9782265038226
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1988-05-12T08:39:02+00:00


CHAPITRE XIII

Le dortoir était plongé dans le calme. Gideon, allongé sur le dos, les bras croisés sous sa nuque, contemplait la lumière argentée de la lune. De temps à autre, son regard déviait sur le lit de Williams inoccupé. Ils l’avaient transféré dans un autre box.

«  – Comme ça, il ne t’empêchera pas de dormir  », avait expliqué une infirmière.

Il était trois heures du matin. Seul le bruit que faisait l’infirmière de garde en tournant les pages du livre qu’elle était en train de lire rompait le silence.

Gideon sauta au bas de son lit et enfila sa robe de chambre. L’infirmière leva les yeux en le voyant passer près d’elle.

— Tu vas aux toilettes  ? demanda-t-elle.

Elle n’attendait aucune réponse et replongea dans sa lecture.

Il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. L’infirmière ne lui prêtait aucune attention. Il se glissa alors dans le box où se trouvait Williams. Il s’approcha du lit et fixa intensément le visage blême de l’adolescent.

— Réveille-toi, chuchota-t-il.

Williams ouvrit lentement les yeux. Quand il aperçut Gideon, il tressaillit et s’assit dans son lit.

— Je t’avais prévenu, grinça Gideon. Tu n’aurais jamais dû parler.

Williams était sous sédatif. Il était hébété, la tête lui tournait, mais il voyait clairement Gideon. Il était certain de ne pas être en train de rêver. Le garçon était bien là. Il voulut crier, appeler au secours, mais aucun son ne sortit de sa gorge. Au bout d’un moment, au prix d’un énorme effort, il parvint cependant à articuler :

— Je ne dirai plus rien. Je te le promets.

— Tu es incapable de tenir ta langue.

Williams ramena ses genoux sous son menton comme si cette position lui avait permis de se soustraire aux paroles de Gideon.

— Tu es fou  ! Tu parles trop  !

La voix du garçon résonnait sous son crâne :

— Souviens-toi de la grande douleur. C’est tout ce que tu mérites. La souffrance.

— Laisse-moi, implora Williams.

Il avait les yeux exorbités et tremblait de tous ses membres.

— Tu veux me tuer  ? C’est ça  ? Tu es dans le coup, toi aussi, hein  ? C’est pour ça que tu me hais.

Les traits de Gideon se durcirent davantage.

— Je sais ce qui est arrivé, reprit Williams. Je peux te voir. Tout est sombre. Mais toi, tu es là et tu peux faire jaillir les flammes.

— Qu’est-ce que tu racontes  ? ricana Gideon.

Dans la semi-pénombre, le visage trop blanc de Williams paraissait phosphorescent. Dans sa démence, il avait deviné ce que personne d’autre n’avait même envisagé. Il savait que Gideon était responsable de l’incendie. Il le vit mettre le feu aux bâtiments de l’hôpital et il aperçut les malades agonisants dans leurs lits en flammes.

— Laisse-moi tranquille, gémit-il. Je ne dirai rien.

Il regarda le garçon qui se tenait au pied de son lit. Qui était-ce  ? Tout était si brumeux. Il ne savait plus. Des fragments de phrases s’entrechoquaient sous son crâne. Il n’y avait plus rien de réel. Plus rien sauf la peur qu’il sentait croître en lui.

— Je sais…, commença-t-il, puis sa voix s’éteignit.



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